Les transferts d’argent continuent de peser lourd sur les balances commerciales des pays du Maghreb et surtout sur leurs réserves en devise. Etats et sociétés de transferts trouvent leurs comptes et cherchent de plus en plus à maintenir cette manne qui renflouent leurs caisses. Ces transferts se trouvent aussi être un puissant outil de réduction de la pauvreté dans ces pays.
Sans papiers à Paris, le mari de Myriam, mère de 3 enfants, envoie fréquemment de l’argent à sa famille. « Mon mari vit en France, mes enfants et moi en Tunisie. Nous ne l'avons pas vu depuis 4 ans.» Confesse elle « Il nous envoie, toutefois, de l'argent, le transfert étant quasi-instantanée».A cause de la question des papiers, le mari de Myriam, se trouve en effet dans l’impossibilité de passer par les réseaux bancaires pour envoyer de l’argent. Des sociétés comme western Union ou Money Gram lui permettent de le faire sans avoir besoin de papiers. Il compte parmi le million d’immigrés qui envoient régulièrement des fonds vers leurs familles.
En la seule année de 2007, le taux de transfert d’argent vers la Tunisie s’est vu augmenter de 8,4% atteignant 848 millions d’euros contre 780 millions d’euros en 2006. Les transferts de l’étranger sont de loin le deuxième pourvoyeur de l’Etat tunisien en devise après le tourisme. Mais le business du transfert d’argent est parmi les plus florissants dans toute la région du Maghreb. Etats et sociétés transferts y trouvent leurs comptes.
Les transferts vers le Maroc ont été estimés par la banque européenne à 3,4 millions d’euros dont 2,9 millions d’euros des pays de l’Europe pour 1.255 millions d’émigrés. Quant à l’Algérie le montant des transferts avoisine 1.547 millions d’euros pour 1.2 millions d’Algériens résidants à l’étranger.
Selon Mahmoud Ben Romdhane, économiste tunisien, « rapportés par tête d'habitant, les transferts de revenus effectués en Tunisie sont les plus importants du Maghreb, y compris le Maroc, pays réputé pour être l'un des plus importants bénéficiaires des transferts financiers de ses travailleurs résidents à l'étranger».
Un réducteur de pauvreté
Mais les envois de fonds n’en demeurent pas moins un phénomène d’envergure mondiale. Selon les chiffres de la banque mondiale, les envois de fonds aux pays en développement ont dépassé 157 milliards d’euros en 2007. Mais si l’on tient compte des envois non recensés qui transitent par des voies informelles, le montant réel est censé être bien plus important. Ne serait-ce que pour la région du Maghreb les transferts formels représentent plus du double de l’ensemble de l’aide au développement octroyée par les pays développés. Toujours selon les spécialistes de la banque mondiale « Les envois de fonds aboutissent fréquemment à un surcroît d'accumulation de capital humain, d'investissements et d'esprit d’entreprise ».
Avec un nombre de migrants approchant aujourd’hui les 200 millions à l’échelle mondiale, l’économiste en chef et premier vice-président de la Banque pour l’économie du développement, François Bourguignon, voit dans la productivité et les salaires de cette main-d’œuvre un « puissant outil de réduction de la pauvreté ». Les transferts d’argents au Maroc aident ainsi beaucoup de familles à dépasser le seuil de la pauvreté. En effet, une étude faite par le réseau FEMISE, un réseau méditerranéen d’instituts de recherches économiques démontre que le taux de la population qui a échappée à la pauvreté au Maroc grâce aux envois de fonds est de 19 à 23%.
Sollicitude
Pour ces raisons, les gouvernements du Maghreb font de tout leur mieux pour protéger cette manne qui renfloue les caisses de leurs Etats respectifs. Ceci se matérialise par une forte sollicitude de leur part à l'égard des communautés d’immigrés se trouvant dans les pays d’accueil. Le Maroc à titre d’exemple tient à ce que cette communauté soit représentée au parlement et les descendants d’immigrés marocains héritent automatiquement de la nationalité marocaine même née à l’étranger. La Tunisie ,quant à elle, entoure également ses ressortissants d’une attention particulière allant des facilités administratives aux émissions TV destinés à cette frange de la population en passant par les privilèges douaniers au retour définitif car leurs poches n’étant généralement pas vides , les immigrés investissent dans des microprojets dont le nombre était proche en Tunisie de 600 projets par an au cours des années 2002, 2003 et 2004, selon la rapport « Mouvements des personnes et des capitaux dans le bassin euro-méditerranéen et responsabilité sociale des acteurs». Ces projets ont contribué à créer 2000 emplois, représentant 2,5% de l'ensemble des emplois créés et 3% des investissements bruts réalisés dans le pays.
Fethi Djebali et Youad Ben Rejeb
samedi 4 octobre 2008
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